
C'è una piccola valle che s'inoltra
nelle colline così dolci e popolose, solo un tratto
d'ombra visto dal treno, dietro il verde
che fugge e quelle bestie
miti, vacche e cavalli
uguali da un anno con l'altro e quasi immobili
lungo il filo dei giorni.
Ma uno, se alza gli occhi dal suo libro,
o si sveglia smarrito a un sobbalzo,
la guarda per un attimo come si guarda il vuoto.
E tutto è fermo : una coda a mezz'aria,
un getto giallo d'urina, un ghiaccio teso
sui fotogrammi spezzati, un bambino
che salta e resta appeso
al suo gesto giocoso. C'è una casa
e del fumo e un paesaggio tagliato dal treno.
E quell'ombra.
C'è sempre una piccola valle che s'inoltra
e non si sa dove porti
se ci passi
qualcuno mai. Lì vorrei immaginarvi
camminare da soli nei boschi d'autunno,
a modo vostro liberi, senza voltarvi. E non posso.
Fabio PusterlaFolla sommersa, ed. Marcos y Marcos, 2004

Vallée des morts
Il y a une petite vallée qui s'avance
dans les collines si douces et populeuses, un simple trait
d'ombre aperçu depuis le train, derrière les pâturages
qui défilent et ces bêtes
douces, vaches et chevaux
identiques d'une année à l'autre et presque immobiles
dans la suite des jours.
Mais quelqu'un, levant les yeux de son livre,
ou se réveillant égaré en un sursaut,
regarde soudain cette vallée comme on regarde le vide.
Et rien ne bouge : la queue à demi dressée d'une vache,
un jet jaune d'urine, du givre répandu
sur des plaques photographiques brisées, un enfant
qui saute et reste suspendu
dans son geste joyeux. Il y a une maison
de la fumée et un paysage haché par le train.
Et cette ombre.
Il y a toujours une petite vallée qui s'avance
sans que l'on sache où elle conduit
s'il y passe
jamais quelqu'un. C'est là que je voudrais vous imaginer
marcher seuls dans les bois d'automne,
libres, à votre manière, sans vous retourner. Et je ne peux pas.
(Traduction personnelle)