Vendredi 25 juillet 2014, une heure et demie du matin. [...] Je ne suis pas un spécialiste du mélange des saveurs mais j’en sais peu de plus délicieux, ou de plus opérants sur moi, que celui de la musique et de la pluie — surtout en été, quand les fenêtres sont ouvertes.
Toute la matinée a été secouée par de formidables orages, striée d’éclairs à ébranler les plus antiques forteresses — il a même été question de Lectoure et de ses tempêtes au “journal de 20 heures”, ce soir : c’est dire… Mais vers midi la foudreétait rentrée dans son foudreau jupitérien, et ne restait sur nos jardins qu’une paisible et chaude pluie d’été. Or, à la radio, sonate de Liszt, un des plus majestueux chefs-d’œuvre de l’esprit humain : il m’a rarement été donné, moi qui l’adore, d’en être à ce point transporté. Il est vrai que la transition, entre ses déferlements de notes et l’ondée sur la canopée, s’opérait par le truchement d’une odeur délectable entre toutes, celle de messidor trempé, à la campagne. Même un moineau de nos amis, tout décoiffé par la bourrasque, et que les brutalités du ciel à son égard avaient paru indigner, plus tôt (il faisait les cent pas sur une croisée de meneau, les bras dans le dos), paraissait tout à fait sous le charme et se repeignait tant bien que mal, aux accents du Quasi adagio.
Images : en haut, Cyril Aniel (Site Flickr)
au centre et en bas, Pierre-Paul Feyte (Site Flickr)