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Mi manchi (Tu me manques)

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Questa è per te...









Simone Cristicchi canta Mi manchi (Tu me manques)  Testo : S. Cristicchi / F. Di Salvo  Musica : R. Pacco, 2013 :

Mi manchi, come manca il mare a un’isola 
Come ad un bottone l’asola 
come un mese al calendario 
e a un teatro il suo sipario 
a una suora il suo rosario 
come le ali a un aeroplano 
l’altalena ad un bambino 
la sua patria a un emigrato 

Mi manchi, come l’ago ad un pagliaio 
allo Yeti il suo ghiacciaio 
come il vento agli aquiloni 
come il cacio ai maccheroni 
e la penna ad un notaio 
come manca un pesce all’amo 
come a volte manca il fiato 
e a me dirti che ti amo… 

Lo nasconderò questo nostro amore 
 perché tu non lo veda, perché tu non ci creda 
quando ti dirò che ti amo ancora, 
che ti amo ancora e che mi manchi.

Mi manchi come le radici a un albero 
come il campo ad un trattore 
come al lampo manca il tuono 
e al peccato il suo perdono 
al mercato il suo frastuono 
al ciclista la discesa 
a un altare la sua chiesa 
come a Dio la mia preghiera 

Lo nasconderò questo grande amore 
 perché il mondo non veda, perché tu non ci creda 
quando ti dirò che ti amo ancora, 
che ti amo ancora e che mi manchi.

Mi manchi come tela ad un pittore 
come adesso le parole 
come a me manca il tuo amore.




Tu me manques, comme la mer manque à une île
comme à un bouton la boutonnière
comme un mois au calendrier
et à un théâtre son rideau
à une sœur son chapelet
comme les ailes à un avion
la balançoire à un enfant
et sa patrie à un émigré

Tu me manques, comme l'aiguille à une botte de foin
au Yéti son glacier
comme le vent aux cerfs-volants
comme le fromage aux macaronis
et le stylo à un notaire
comme manque un poisson à l'hameçon
comme parfois manque le souffle
et à moi te dire que je t'aime...

Tu me manques, comme les racines à un arbre
comme le champ à un tracteur
comme à l'éclair manque le tonnerre
et au péché son pardon
au marché son vacarme
au cycliste la descente
à un autel son église
comme à Dieu ma prière

Tu me manques, comme la toile à un peintre
comme maintenant me manquent les mots
comme me manque ton amour.







Images : (1), (2) et (3)  Massimo  (Site Flickr)

(2)  Stefano Corso  (Site Flickr)


L'affaire Vivaldi

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L’affare Vivaldi [L’affaire Vivaldi], qui paraît en ce moment en Italie aux éditions Sellerio, raconte l’extraordinaire histoire de la redécouverte des partitions manuscrites de Vivaldi, dans les années vingt du siècle précédent. L’auteur de l’ouvrage, Federico Maria Sardelli est musicologue et musicien (il a déjà consacré plusieurs ouvrages très savants à l’œuvre de Vivaldi, en particulier à ses concertos pour flûte), mais il devient ici romancier pour raconter de façon extrêmement plaisante la recherche de ces précieux manuscrits, en mêlant avec virtuosité les époques et en ménageant tout au long du récit un suspense haletant, sans jamais perdre de vue la vérité historique. 
Lorsque Vivaldi meurt le 28 juillet 1741 à Vienne, où il s’est réfugié pour fuir les créanciers qui l’assaillaient à Venise, il n’est plus le musicien à la mode fêté et adulé que l’on surnommait le "Prêtre Roux" ; sa musique n’est plus guère jouée et lorsque, tout de suite après sa mort, son frère tente de vendre à un collectionneur bibliophile les centaines de partitions manuscrites que le musicien a laissées à Venise, il n’en tire qu’un bien maigre profit. Dès lors, ces précieux manuscrits vont passer de main en en main pour se retrouver finalement au début du vingtième siècle entassés dans le poussiéreux grenier d’un collège salésien à Borgo San Martino, dans le Piémont. C’est là que les deux personnages centraux de cette aventure, Luigi Torri, directeur de la Bibliothèque Nationale de Turin, et Alberto Gentili, compositeur et musicologue à l’Université de Turin, vont enfin les retrouver en 1926 pour permettre la redécouverte d’un génial compositeur, dont on ne connaissait plus que quelques concertos, dont ceux fameux des Saisons
Parmi les nombreux rebondissements qui vont conduire à l’élucidation de "l’affaire Vivaldi", on signalera tout particulièrement un savoureux entretien avec Mussolini, pendant lequel le Duce se lance dans l’interprétation catastrophique d’une romance, sur un violon ayant prétendument appartenu à Vivaldi, et une délirante intervention d’Ezra Pound, en pleine période d’exaltation fasciste, transporté par le génie italique de Vivaldi qu’il tient à faire connaître au monde entier, même s’il faut pour cela outrepasser ses compétences en matière de musicologie. 
Je cite ici, dans une traduction personnelle, un beau passage du roman, correspondant au moment où les précieux manuscrits ont été enfin récupérés et ramenés à la Bibliothèque de Turin ; Alberto Gentili va pour la première fois lire ces partitions abandonnées et plus jamais jouées depuis deux siècles : 

« La petite pièce était austère et poussiéreuse : une armoire pleine de vieux dossiers, un petit cadre avec la photo du roi, deux fauteuils défoncés, un vieux piano qui n’avait plus été accordé depuis des années, une faible lampe trop haute qui répandait sur toute la pièce une lumière triste et désolée. Il [Alberto Gentili] ouvrit le gros volume qu’il avait emporté et tenta de le placer sur le pupitre du piano. C’était impossible, il glissait et tombait à chaque fois : il était trop épais pour que le mince support en bois puisse le soutenir. Impatient d’entendre ces musiques et presque agacé, il se résolut alors à l’appuyer sur le couvercle. Cela le contraignait à se tenir debout de façon inconfortable, le dos vouté et les mains tendues vers le clavier, mais c’était sans importance : il devait jouer de toute urgence. 
Et il joua le passage qui avait peu de temps auparavant éveillé sa curiosité. Il chercha longtemps parmi les centaines de pages pour retrouver cette phrase. La voilà : In memoria aeterna erit justus. Éternel sera le souvenir du juste. C’était un fragment du psaume Beatus Vir, il se souvenait de la version de Mozart, mais il ignorait que Vivaldi l’avait lui aussi mis en musique. Il était surpris par le fait que l’œuvre était écrite pour trois voix, l’alto, le ténor et la basse, sans voix de soprano. Il commença à jouer, Andante molto, violons et altos seuls, début en canon, d’abord le premier violon, puis le second, suivi de l’alto. Chaque croche était surmontée d’un petit trait vertical, toutes détachées, comme des gouttes clairsemées qui commençaient à tomber. Au fur et à mesure que les instruments intervenaient, cette musique presque vide, raréfiée, s’emparait progressivement de lui et le bouleversait. C’était sublime, d’une douceur indicible, à la fois sereine et dramatique. Il tourna la page, et les voix arrivèrent : d’abord l’alto, puis le ténor, et enfin la basse ; ils chantaient ces paroles narquoises sur la mémoire : celui qui les avait écrites était mort depuis des siècles et personne ne s’était plus souvenu de lui. Il avait écrit ce sublime testament mais personne ne l’avait encore ouvert. Les croches tombaient goutte à goutte et de ses yeux commencèrent à tomber des larmes sur les doigts qui jouaient. 
"Professeur, on va fermer !" lui cria le gardien. 
"Oui, oui, j’arrive tout de suite !" répondit-il en se réveillant de l’éternité. »

Federico Maria Sardelli  L'affare Vivaldi, Sellerio editore Palermo, 2015  (Traduction personnelle)






Image : en haut, Francesco Guardi (1712-1793) Les Fondamenta Nuove avec la lagune et l'île de San Michele, huile sur toile, vers 1757.



La Dernière Danse

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"Cuando se revelen los recuerdos
y me pongan contra la pared..."






Sans cesse je roulais d'un coin du lit à l'autre,
je n'eus plus qu'à me retirer de mon alcôve
pour aller me rouler dans les bars de la ville :
là je vis des gens comme moi dans la débile
ordure musicale tombant sur nos têtes
attendre comme moi l'issue de cette fête
mais d'être là ensemble à nous saouler faisait
oublier la sentence qui nous menaçait,
ensemble nous levions à travers la fumée
nos verres pour y noyer la pensée
trop claire qui nous crie lorsque la nuit commence :
« Ami, viens par ici, c'est ta dernière danse. »

William Cliff   Amour perdu  Le Dilettante, 2015








Images : en haut et en bas, Frank Kloskowski  (Site Flickr)

au centre, Lorenzo Giunchi  (Site Flickr)



Testamento (Testament)

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Mauro Marè (1935-1993) est un poète romain dont la totalité de l’œuvre poétique est écrite en romanesco, le dialecte de Rome. Testamento est un de ses poèmes les plus connus ; on peut entendre dans l'extrait vidéo placé à la fin de ce message l'adaptation qu'en a faite le chanteur Simone Cristicchi :

Me piacerebbe d'esse seppellito, 
magara doppo morto, in cima a un colle, 
senza la cassa, a pelle cò le zolle, 
in pizzo ar mare, limpido e infinito. 

E ar posto della croce un arberello, 
che sia piantato sull'istessa tera, 
de limone, così che a primavera, 
quanno er mare è più liscio e brillarello, 

se spargerà er profumo tutt'attorno, 
vieranno le farfalle cò l'ucelli 
a sugamme li fiori tenerelli 
e sarò alegro, giorno doppo giorno… 

 e allora canterò : "Fior de limone… 
la vita è un soffio, un mozzico, un sospiro, 
cò la morte diventerà un respiro, 
un profumo, 'na brezza, 'na canzone". 

Mauro Marè 





J'aimerais être enterré,
si possible après ma mort, au sommet d'une colline,
sans cercueil, à même la terre,
près de la mer, limpide et infinie.

Et au lieu d'une croix, un petit arbre,
planté dans la même terre,
un citronnier, pour qu'au printemps,
quand la mer est plus calme et plus lumineuse,

il répande tout autour son parfum,
 les papillons et les oiseaux viendront
butiner les fleurs délicates
et je serai joyeux, jour après jour...

et alors je chanterai : "Fleur de citron...
la vie est un souffle, une bouchée, un soupir,
avec la mort, elle deviendra une halte,
un parfum, une brise, une chanson". 

(Traduction personnelle)






Images : en haut, Diana  (Site Flickr)

au centre, Allen  (Site Flickr)

en bas, Neda  (Site Flickr)



Dix heures et demie du soir en été

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Comment décrire 
Le jardin dévasté 
Dix heures du soir en été... 

À quoi bon vous dire 
La chaleur lourde 
D'avant la foudre ? 

La vie qui part 
La terre qui s'ouvre 
Le feu aux poudres... 

Dans leurs regards 
Entre leurs mains, 
La fin de l'histoire... 

À tout jamais 
La beauté niée 
Détournée... 

L'orage éclaté 
La pluie qui tombe 
Dans un fracas de fin du monde...



On aimerait rire 
Des faux soupirs... 
Au moins lui dire... 

Le vain miroir 
Qu'elle tend, les fards... 
Le vent qu'elle vend... 

Comment décrire 
Tout le carnage 
D'après l'orage ? 

Dix heures en été : 
La nuit qui tombe 
Dans un néant de fin du monde... 

Il devrait fuir 
Les faux sourires 
Se dessaisir 

Du vain miroir 
Qu'elle tend, des fards 
Du vent qu'elle vend...






Images : en bas, (1) Pierre-Paul Feyte  (Site Flickr)

(2) extrait de Dix heures et demie du soir en été, de Marguerite Duras





Parme

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"Altrove, in lontananza, e tardi, o forse mai !
Non so dove tu fuggi, tu non sai dove vado,
io t'avrei certo amato, e tu certo lo sai !"






Tu marchais tout le long du grand palais Farnèse,
de ses murs écrasés de briques entassées,
et tu étais tout seul avec ton élégance,
tu marchais lentement tout le long des hauts murs.

Et puis tu as été par un ami vulgaire
arrêté, tu as dû lui parler comme on doit
parler à un patron, un prêtre, un professeur.

C'est ainsi que nous n'avons pas pu nous connaître
car toujours dans la vie les obstacles nous viennent
des ennuyeux jaloux qui nous suivent partout.

Tu m'aurais montré ton corps, tu m'aurais donné
à humer les endroits odorants de ta chair,
j'aurais tout exploré de ton être, t'aurais
entièrement aimé et ensuite parlant

comme les amants parlent quand ils ont aimé,
j'aurais appris ta vie, tes projets, ton histoire,
m'en souvenant longtemps comme l'on se souvient
des beaux moments d'amour qui brillent dans la vie

et nous ravissent par leur charmant souvenir.

William Cliff   Amour perdu  Le Dilettante, 2015








Images : en haut, Site Flickr

en bas, (1) Christian Garimberti  (Site Flickr)

(2) Marco  (Site Flickr)



La Bella aurora (La Belle aurore)

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Ecco ridente in cielo
spunta la bella aurora,
e tu non sorgi ancora
e puoi dormir così ?

Sorgi, mia dolce speme,
vieni, bell'idol mio,
rendi men crudo, o Dio !
lo stral che mi ferì...

Rossini   Il Barbiere di Siviglia, Cavatina del Conte d'Almaviva (Libretto di Cesare Sterbini)






Voici que riante dans le ciel

apparaît la belle aurore,
et tu ne te montres pas encore
comment peux-tu dormir ainsi ?

Parais, mon doux espoir,
viens, ma belle idole,
rends moins cruel, ô Dieu !
le trait qui m'a blessé...






Images : en haut, Andrea Zucchi (Site Flickr)

en bas, Site Flickr

Source de la vidéo : Site YouTube


(...)


Sole (Soleil)

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Françoise Hardy canta Sole, ti amo  (Testo : Françoise Hardy, Musica : Tash Howard - Sandy Alpert, adattazione italiana : N. Tristano, 1970) :

Si viveva con il sole 
E ci svegliava lui 
Ogni mattina 
E a due passi c'era il mare 
Bastava scivolare 
Dalla collina 
Sulla spiaggia correvamo 
La mano nella mano 
Come bambini 
Mi portava una conchiglia 
E il sale sulle ciglia 
Mi baciava piano

Sole ti amo
E t'amerò
Tu sei fedele 
Ma lui no 
A quest'ora 
Dove sta ? 
Chissà...

Preparavo dei panini 
Divisi in due cestini 
Ogni mattina 
Si mangiava sugli scogli 
O sopra una tovaglia 
Di sabbia fina 
Così passavano le ore 
Distesi accanto al mare 
E si sognava 
Una casa e dei bambini 
Tante rose in un giardino 
Che felicità 

Sole ti amo
E t'amerò
Tu sei fedele 
Ma lui no 
A quest'ora 
Dove sta ? 
Chissà...

Sole sole dimmi tu 
Lo vedi di lassù 
Il mio amore ? 
Tu che da un'eternità 
Vedi ogni felicità 
E ogni dolore 
Quante spiagge io vedrò 
E visi guarderò 
Nella mia vita 
Per scordare piano piano 
Quella casa e quei bambini 
Che non mi darà ? 

Sole ti amo
E t'amerò
Tu sei fedele 
Ma lui no 
A quest'ora 
Dove sta ? 
Chissà...










Images : en haut, Pietro Monteleone  (Site Flickr)

en bas, (1) Corrado Allsonno  (Site Flickr)

(2) Patrizia Ferraglioni  (Site Flickr)

(3) Loredana Angelucci  (Site Flickr)




Message personnel

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Non arrabbiarti se ti canto i sogni dei miei quindici anni,
Su, non affliggerti se sei assente dei miei ricordi di adolescente,
Quelli amoretti da due soldi hanno preparato un grande amore,
Ed è perciò che te li canto te li racconto ad uno ad uno
Si è perciò che te li canto te li racconto ad uno ad uno...

Ma su, non mi tenere il broncio, non farmi quelli occhi furibondi,
E si, l'avrai la tua rivincita, sarai la mia ultima canzone...

In ogni ragazza che ho conosciuta eri tu che io cercavo,
Quando nelle mie braccia ti ho tenuta ho tremato perché capivo,
Che finalmente era giunta l'ora di gettare l'ancora,
Perché è a te che in ogni modo consacrerò la vita mia
Si, è a te che in ogni modo consacrerò la vita mia...

Ma su, non mi tenere il broncio, non farmi quelli occhi furibondi,
Si, l'avrai la tua rivincita, sarai la mia ultima canzone...
No, non mi tenere il broncio, non farmi quelli occhi furibondi
E si, l'avrai la tua rivincita, sarai la mia ultima canzone...

Testo e musica : Salvatore Adamo (1965)






Allez, je t'en prie, arrête de bouder, ne fais pas ces yeux furibonds
Oui, tu l'auras ta revanche, tu seras ma dernière chanson...






Images
: Claudia Cardinale, La Ragazza con la valigia, de V. Zurlini


X Agosto (Le 10 août)

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Le dix août, c'est la nuit des étoiles filantes, les larmes de saint Laurent. Pour Giovanni Pascoli, le dix août 1867 (il avait douze ans) est resté à jamais le jour de la mort de son père Ruggero, tué d'un coup de fusil dans les parages de Cesena, d'où il revenait après avoir acheté quelques cadeaux pour ses enfants, dont deux poupées pour ses filles. C'est cet événement tragique qu'évoque Pascoli dans le poème que je cite ci-dessous. Il y reviendra plusieurs fois dans son œuvre, par exemple dans Un ricordo, Tra San Mauro e Savignano, Il giorno dei morti, et dans La Cavalla storna, qui est peut-être son poème le plus célèbre. On y voit la jument pie ("storna", au poil gris tacheté de blanc), attelée à la carriole sur laquelle se trouvait le père, revenir sans son passager : "O cavallina, cavallina storna, / portavi a casa sua chi non ritorna!" ("Ô jument, petite jument grise / Tu ramenaiscelui qui ne reviendra plus!").



 


 X Agosto

San Lorenzo, io lo so perché tanto
di stelle per l'aria tranquilla
arde e cade, perché si gran pianto
nel concavo cielo sfavilla.

Ritornava una rondine al tetto :
l'uccisero : cadde tra spini :
ella aveva nel becco un insetto :
la cena de' suoi rondinini.

Ora è là, come in croce, che tende
quel verme a quel cielo lontano ;
e il suo nido è nell'ombra, che attende,
che pigola sempre più piano.

Anche un uomo tornava al suo nido :
l'uccisero : disse : Perdono ;
e restò negli aperti occhi un grido :
portava due bambole in dono...

Ora là, nella casa romita,
lo aspettano, aspettano in vano :
egli immobile, attonito, addita
le bambole al cielo lontano.

E tu, Cielo, dall'alto dei mondi
sereni, infinito, immortale,
oh ! d'un pianto di stelle lo inondi
quest'atomo opaco del Male !

Giovanni Pascoli  Myricae, Elegie








Le 10 août 

Saint Laurent, moi, je sais pourquoi
tant d'étoiles dans l'air tranquille
s'embrasent et tombent, pourquoi tant de larmes
étincellent dans la voûte du ciel.

Une hirondelle s'en retournait à son toit :
on la tua : elle tomba dans les épines :
elle avait dans son bec un insecte :
le repas de ses hirondeaux.

Maintenant, elle gît là, comme crucifiée,
offrant cette pitance au ciel lointain  ;
et sa nichée est dans l'ombre, elle attend,
en piaillant de plus en plus doucement.

Un homme aussi regagnait son nid :
on le tua : il dit : Pardon ;
et un cri se figea dans ses yeux grands ouverts :
il apportait deux poupées en cadeau...

Maintenant, là-bas, dans la maison retirée,
on l'attend, on l'attend en vain :
lui, immobile, stupéfait, il montre du doigt
les poupées au ciel lointain.

Et toi, Ciel, du plus haut des mondes
paisibles, infini, immortel,
tu inondes de larmes d'étoiles
ce sombre atome du Mal !

(Traduction personnelle)








Un chapitre est consacré à Pascoli dans le magnifique ouvrage de Renaud Camus Demeures de l'esprit Italie du Nord (Fayard, 2012) que tout passionné de culture italienne se doit d'avoir dans sa bibliothèque.

Visite virtuelle de la maison de Pascoli à San Mauro.

Images : en haut et au centre, Villa Torlonia, par Massimiliano Calamelli  (Site Flickr)

en bas, Savignano sul Rubicone  (Site Flickr)



Luna di marmellata

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Paolo Conte canta Luna di Marmellata (testo e musica di Paolo Conte, 1975) :




Lungo il viaggio
e anche noioso
arriviamo affaticati
le valigie son pesanti e i vestiti stropicciati

Meno male
eccoci qua, in un albergo illuminato
una stanza anche per noi
noi che abbiam tanto viaggiato

So tutto
di questi posti ormai
e il freddo so
di questa chiave in mano a me

E ti prepari ad abitare
questa stanza come fosse
una casa
e io ti aspetto
mentre metti nei cassetti
la tua roba e anche la mia
e al di là della finestra
c'è una luna strepitosa
che ci guarda con tristezza

Luna di marmellata per noi due
che abbiamo casa e figli tutti e due
ma abbiam sorriso senza alcun pudore
all'idea di un ultimo amore.





Lune de confiture

Le voyage a été long

et même ennuyeux

nous arrivons fatigués

les valises sont lourdes et les habits froissés


Enfin, heureusement

nous y voici, dans cet hôtel illuminé

une chambre rien que pour nous
nous qui avons tant voyagé

Je sais tout

de ces endroits-là désormais

et du froid de cette clé

que je tiens dans la main


Et tu te prépares à habiter

cette chambre comme si c'était

ta maison
et moi je t'attends

pendant que tu ranges dans les tiroirs
tes affaires et les miennes aussi
et par la fenêtre

on voit une lune éclatante
qui nous regarde avec tristesse


Une lune de confiture pour nous deux

qui tous les deux avons une maison et des enfants

mais avons souri sans aucune pudeur

à l'idée d'un ultime amour.

(Traduction personnelle)





 

Images : en haut, Matilde  (Site Flickr)

au milieu, Gianni(Site Flickr)

en bas, Site Flickr

Canzone (Chanson)

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« Vedo che ti interessi alle notizie, a cosa accadrà nel mondo...
 

— No : ascolto solo canzoni. Perché dicono la verità. Più sono stupide e più sono vere. E poi non sono stupide... Che dicono ? Dicono "Non devi lasciarmi", "Senza di te in me non c'è vita", "Senza di te io sono una casa vuota", o "Lascia che io divenga l'ombra della tua ombra", oppure "Senza amore non siamo niente"... »








Don Backy canta Canzone (Don Backy - Detto Mariano, 1968) :





Nel più bel sogno, ci sei solamente tu
sei come un'ombra che non tornerà mai più
tristi sono le rondini nel cielo
mentre vanno verso il mare
é la fine di un amore.

Io sogno e nel mio sogno vedo che
non parlerò d'amore, non ne parlerò mai più
quando siamo alla fine di un amore
soffrirà soltanto un cuore
perché l'altro se ne andrà
Ora che sto pensando ai miei domani
son bagnate le mie mani
sono lacrime d'amore.

Nel più bel sogno ci sei solamente tu
sei come un'ombra che non tornerà mai più
questa canzone vola per il cielo
le sue note nel mio cuore
stan segnando il mio dolore.
Questa canzone vola per il cielo
le sue note nel mio cuore
stan segnando il mio dolore.


Dans mon rêve le plus beau, je ne vois que toi
tu es comme une ombre qui plus jamais ne reviendra
les hirondelles passent tristement dans le ciel
elles s'en vont vers la mer
c'est la fin d'un amour...

Et cette chanson s'envole dans le ciel
et ses notes dans mon cœur
sont les signes de ma douleur...







Sorge l'irato nembo (La nuée orageuse surgit)

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Sorge l'irato nembo,
e la fatal tempesta,
col murmurar dell'onde
ed agita e confonde
e Cielo e Mar.
Ma fugge in un baleno,
l'orrida nube infesta,
e il placido sereno
in Cielo appar.

Vivaldi Orlando Furioso (testo di Grazio Braccioli), Atto II, sc. 2







La nuée orageuse surgit,
et la fatale tempête,
avec le murmure des ondes
agite et confond
le Ciel et la Mer.

Mais en un éclair disparaît
le nuage funeste,

et le Ciel redevient
clair et serein.


 



Images : en haut, Francesco Bacchelli  (Site Flickr)

en bas, Site Flickr




C'est ainsi que tu es

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Ta chair d’âme mêlée
Chevelure emmêlée,
Ton pied courant le temps,
Ton ombre qui s’étend
Et murmure à ma tempe.

Voilà, c’est ton portrait,
C’est ainsi que tu es
Et je veux te l’écrire
Pour que la nuit venue
Tu puisses croire et dire
Que je t’ai bien connue.

Louise de Vilmorin  Le Sable du sablier  Gallimard, 1945


COSÌ SEI 

La tua carne mescolata all'anima 
Capigliatura che si avvolge 
I tuoi piedi che precorrono i tempi 
La tua ombra che si stende 
E mormora alla mia tempia.

Ecco, è il tuo ritratto 
È così che tu sei 
E volevo scrivertelo
Ora che giunge la notte
Perché tu possa credere e andar dicendo 
Che molto bene io ti ho conosciuta.



Citadelle de la mémoire

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Le musée de Bastia se trouve au cœur de la citadelle, dans l’ancien palais des gouverneurs génois. On peut y voir en ce moment, jusqu’au 4 octobre, l’exposition Abîmes Abysses de Jean-Paul Marcheschi, dont la maison natale se trouve au 12 de la rue Spinola, c’est-à-dire à quelques mètres de ce lieu qui accueille aujourd’hui quelques-unes de ses œuvres, nées des pinceaux de feu, de la cendre, de l’encre, de la cire, de la suie... 




Au rez-de-chaussée, l’exposition s’ouvre sur 333 visages, extraits du projet de 11.000 portraits de l’humanité.




Puis, dans un parcours vertical inspiré de Dante, de l’obscurité vers la lumière, le visiteur descend d’abord dans les profondeurs de la citadelle, vers les anciens cachots, où il pénètre dans un premier abîme : le chant des âmes errantes, le gouffre ou le promontoire des étoiles, une contemplation de la nuit par un grand ensemble d’animaux sculptés (oiseaux, tortues, sangliers), le chant des suicidés, inspiré du chant XIII de L’Enfer ; puis un deuxième abîme : l'arbre, la chute d’un corps dans l’air noir.


Âmes errantes, 2015


Le gouffre (détail), 2015


Inferno, XIII, (les Suicidés), 1999




Des antiphonaires rétroéclairés forment ensuite un chemin qui conduit aux citernes, où l’on peut voir des extraits du cycle du Phâo (le frère visité par l’ange, l’amphithéâtre des morts, le rêve, le plongeur de Paestum) et une merveilleuse évocation de la lune vague en hommage à Mizoguchi (et peut-être aussi à Leopardi).


Sur un conte de la lune vague (détail)


Sur un conte de la lunevague (détail)


On remonte ensuite vers l’entresol et la lumière, avec la salle des astres clairs et des immatériaux, des boîtes à lumière et des sculptures de suie sur plexiglas. 




Au centre, le lac des trois météores et, de part et d'autre, deux grandes compositions : à gauche des Ur-visages, arcanes de la nuit ; à droite, un ensemble important extrait des 11.000 nuits. Le Lac du sommeil et de l’oubli est accompagné de pages d'antiphonaires disposées sur l'un des murs ; sur l'autre, un extrait de la suite Stromboli. On se dirige ensuite vers le studiolo (La salle des livres rouges) : sur des lutrins sont disposés des livres rouges ouverts et, au-dessus, des pages de livres peints. L'ensemble est surplombé d'un grand vitrail d'où l’on aperçoit la Terre. On visite ensuite la salle des tempêtes, des feux rouges, du sanglier. Enfin, au terme du périple, la salle du fond de l’eau où sont évoqués les phénomènes de photoluminescence, les organismes du fond de l'eau : cœlacanthes, posidonies, coraux... Un bateau est dirigé vers la baie vitrée qui donne sur le port, et la grande mer de Toscane où va se perdre le regard du visiteur.


Lac du sommeil et de l'oubli




Extrait des Livres rouges


Extrait des Livres rouges


La Terre, 2015



Volcan, 2014


Cercle rouge avec sciarra, 2014


Sanglier, 2014


Raülh, 2000


 Carré rouge, 2014


Bateau (détail), 2014


Le bateau




Je cite ici la conclusion du très beau texte de Françoise Graziani, que l’on peut lire dans le catalogue de l’exposition : 

« Dante appelle alta fantasia la science qui accorde mémoire et imagination pour concevoir des songes et des fictions. Mais l’accord de ces deux mots, alta fantasia, est intraduisible : il indique un mouvement contradictoire qui consiste à parcourir mentalement des profondeurs abyssales en reliant le plus haut et le plus bas, l’élévation sublime qui "figure" le Paradis et la plongée vers la profondeur des gouffres infernaux. La haute mer, le haut du ciel et la haute montagne sont qualifiés du même nom dans les langues ancienne. Et dans les visages peints par Marcheschi, la profondeur du noir de fumée révèle une communauté entre des vivants et des morts qui sont tous nos contemporains, comme ceux auxquels la "haute imagination" de Dante a donné lieu dans sa mémoire.  

O mente che scrivesti cio ch’io vidi ! Dans la citadelle de la mémoire où sont configurés des mythes, des traces de lectures, s’écrivent des choses vues, des pensées et des sensations. Ainsi le peintre nous fait traverser l’humain (peut-être est-ce là ce que Dante signifie quand il parle de trasumanar) en parcourant des abîmes de pierre et d’eau saturés de rencontres, de visions et d’émotions. »

Merci à Mathieu François du Bertrand pour ses belles photographies de l'exposition  (Site Flickr)

La photographie de la citadelle de Bastia (tout en haut de l'article) est d'Hervé Cheuzeville  (Site Flickr)

On peut se procurer ici le catalogue de l'exposition.

L’œuvre au noir : un entretien avec Jean-Paul Marcheschi

Le site de Jean-Paul Marcheschi 





 Libera me, Domine, de morte aeterna,
in die illa tremenda,
quando coeli movendi sunt et terra,
dum veneris judicare saeculum per ignem.

Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle, 
 en ce jour redoutable
où le ciel et la terre seront ébranlés,
quand tu viendras éprouver le monde par le feu.



Ricorditi, lettor, se mai ne l’alpe 
ti colse nebbia per la qual vedessi 
non altrimenti che per pelle talpe, 

come, quando i vapori umidi e spessi 
a diradar cominciansi, la spera 
del sol debilemente entra per essi ; 

e fia la tua imagine leggera 
in giugnere a veder com’io rividi 
lo sole in pria, che già nel corcar era. 

Sì, pareggiando i miei co’ passi fidi 
del mio maestro, usci’ fuor di tal nube 
ai raggi morti già ne’ bassi lidi. 

(Dante, Purgatorio, canto XVII) 

Rappelle-toi, lecteur, si jamais dans l'alpe
t'a surpris un brouillard, qui a rendu ta vue
semblable à celle des taupes, à travers leur taie,

comme quand les vapeurs humides et denses
commencent à se dissiper, la sphère du soleil
y fraie  faiblement son chemin ;

ainsi ton imagination comprendra aisément
comment je revis alors le soleil
qui déjà était sur le point de se coucher.

Ainsi, réglant mes pas sur les pas fidèles
de mon maître, je sortis de ce nuage
vers les rayons de lumière, déjà éteints sur les bas rivages.



Per un cane (Pour un chien)

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Antonio De Curtis, plus connu sous le nom de Totò, n'a pas été seulement le plus grand acteur comique italien, il Principe della risata [le Prince du rire] ; il fut aussi un poète, souvent très touchant, comme dans ce poème en napolitain dédié à son chien Dick :

Tengo 'nu cane ch'è fenomenale,
se chiama "Dick", 'o voglio bene assaie. 
Si perdere l'avesse ? Nun sia maie ! 
Per me sarebbe un lutto nazionale. 

Ll 'aggio crisciuto comm'a 'nu guaglione, 
cu zucchero, biscotte e papparelle ; 
ll'aggio tirato su cu 'e mmullechelle 
e ll'aggio dato buona educazione.

Gnorsì, mo è gruosso. È quase giuvinotto. 
Capisce tutto... Lle manca 'a parola. 
È cane 'e razza, tene bbona scola, 
è lupo alsaziano, è polizziotto. 

Chello ca mo ve conto è molto bello. 
In casa ha stabilito 'a gerarchia. 
Vo' bene ' a mamma ch'è 'a signora mia, 
e a figliemo isso 'o tratta da fratello. 

'E me se penza ca lle songo 'o pate : 
si 'o guardo dinto a ll'uocchiemme capisce, 
appizza 'e rrecchie, corre, m'ubbidisce, 
e pe' fa''e pressa torna senza fiato. 

Ogn'anno, 'int'a ll'estate, va in amore, 
s'appecundrisce e mette 'o musso sotto. 
St'anno s'è 'nnammurato 'e na basotta 
ca nun ne vo' sapè : nun è in calore. 

Povero Dick, soffre 'e che manera ! 
Porta pur'isso mpietto stu dulore : 
è cane, si... ma tene pure 'o core 
e 'o sango dinto 'e vvene... vo 'a mugliera...




J'ai un chien vraiment phénoménal,
il s'appelle Dick, je l'aime beaucoup.
Si je devais le perdre ? Dieu m'en garde !
Pour moi, ce serait un deuil national.

 Je l'ai élevé comme un fils,
avec du sucre, des biscuits et des bouillies ;
je lui ai donné des petits morceaux de pain
et il a reçu une bonne éducation.
 
Maintenant, il a grandi. C'est presque un jeune homme.
Il comprend tout... Il ne lui manque que la parole.
C'est un chien de race, il a été à bonne école,
c'est un berger alsacien, un chien policier.

Ce que je vous raconte maintenant est très beau.
À la maison, il a établi une hiérarchie.
Il aime comme une mère mon épouse,
et il considère mon fils comme un frère.

Quant à moi, il pense que je suis son père :
si je le regarde dans les yeux, il me comprend,
il dresse les oreilles, il court et m'obéit,
il est si empressé que le souffle lui manque.

Chaque année, en été, il tombe amoureux,
il devient mélancolique et marche tête basse.
Cette fois-ci, il s'est amouraché d'une petite chienne
complètement indifférente : elle n'est pas en chaleur.

Pauvre Dick, comme il souffre !
Cette douleur ne le quitte jamais :
c'est un chien, oui... mais il a un cœur
et du sang dans les veines... il veut une compagne...  

(Traduction personnelle)






« Totò est mort. Ses dernières paroles : "Je me sens mal... Emmenez-moi à Naples."» 

La vita... (La vie...)

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La vita... è ricordarsi di un risveglio
triste in un treno all'alba : aver veduto 
fuori la luce incerta : aver sentito
nel corpo rotto la malinconia
vergine e aspra dell'aria pungente.

Ma ricordarsi la liberazione
improvvisa è più dolce : a me vicino
un marinaio giovane : l'azzurro
e il bianco della sua divisa, e fuori
un mare tutto fresco di colore. 

Sandro Penna  Poesie(1927-1938) Garzanti Editore






La vie... c'est se souvenir d'un réveil
triste dans un train à l'aube : avoir vu
au-dehors la lumière hésitante : avoir senti
dans le corps rompu la mélancolie
vierge et âpre de l'air piquant.

Mais se souvenir de la libération
soudaine est plus doux : près de moi
un jeune marin : le bleu
et le blanc de son uniforme, et dehors
une mer toute fraîche de couleur.

(Traduction personnelle) 






Images : en haut, Yannis Tsarouchis  Portrait de T.M. en marin, 1976

au centre, Yannis Tsarouchis Marin lisant dans un café, 1980

en bas, Caterina Moretti  (Site Flickr)



Είναι μεγάλος ο γιαλός 
είναι μακρύ το κύμα 
είναι μεγάλος ο καημός 
κι είναι πικρό το κρίμα 

Ποτάμι μέσα μου πικρό 
το αίμα της πληγής σου 
κι από το αίμα πιο πικρό 
στο στόμα το φιλί σου 

 Δεν ξέρεις τι ‘ναι παγωνιά 
ραδιά χωρίς φεγγάρι 
να μη γνωρίζεις ποια στιγμή 
ο πόνος θα σε πάρει 

Ποτάμι μέσα μου πικρό 
το αίμα της πληγής σου 
κι από το αίμα πιο πικρό 
στο στόμα το φιλί σου 

Verdi prati (Vertes prairies)

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Verdi prati, selve amene, 
perderete la beltà. 
Vaghi fior, correnti rivi, 
la vaghezza, la bellezza, 
presto in voi si cangerà. 

Verdi prati, selve amene, 
perderete la beltà. 
E cangiato il vago oggetto, 
all'orror del primo aspetto 
tutto in voi ritornerà.

Haendel  Alcina, Atto II, scena 12




Vertes prairies, forêts aimables,
 vous perdrez votre beauté.
Charmantes fleurs, vifs ruisseaux,
votre charme, votre beauté
bien vite vont se faner.

Vertes prairies, forêts aimables,
vous perdrez votre beauté.
Et dissipée la flatteuse apparence,
à votre horreur première
tout en vous retournera. 










Images : en haut, Marco Maccolini  (Site Flickr)

en bas, (1), (2) et (3)Alessandro Fuselli  (Site Flickr)

Dévotion (Devozione)

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"A una voce che dica..." 







 I

Aux orties et aux pierres.

Aux «mathématiques sévères». Aux trains mal éclairés de chaque soir. Aux rues de neige sous l'étoile sans limite.

J'allais, je me perdais. Et les mots trouvaient mal leur voie dans le terrible silence. – Aux mots patients et sauveurs.




II

À la «Madone du soir». À la grande table de pierre au-dessus des rives heureuses. À des pas qui se sont unis, puis séparés.

À l'hiver oltr'Arno. À la neige et à tant de pas. À la chapelle Brancacci quand il fait nuit.








III

Aux chapelles des îles.

À Galla Placidia. Les murs étroits portant mesure dans nos ombres. À des statues dans l'herbe ; et, comme moi peut-être, sans visage.

À une porte murée de briques couleur du sang sur la façade grise, cathédrale de Valladolid. À de grands cercles de pierre. À un paso chargé de terre morte noire.

À Sainte Marthe d'Agliè, dans le Canavese. La brique rouge et qui a vieilli prononçant la joie baroque. À un palais désert et clos parmi les arbres. 
(À tout palais de ce monde, pour l'accueil qu'ils font à la nuit.)

À ma demeure à Urbin entre le nombre et la nuit.


À Delphes où l'on peut mourir.

À la ville des cerfs-volants et des grandes maisons de verre où se reflète le ciel.

Aux peintres de l'école de Rimini. J'ai voulu être historien par angoisse de votre gloire. Je voudrais effacer l'histoire par souci de votre absolu.








IV  

Et toujours à des quais de nuit, à des pubs, à une voix disant Je suis la lampe. Jesuis l'huile.

À cette voix consumée par une fièvre essentielle. Au tronc gris de l'érable. À une danse. À ces deux salles quelconques, pour le maintien des dieux parmi nous.


Yves Bonnefoy Poésies, Gallimard








I

Alle ortiche e alle pietre.

Alle « matematiche severe ». Ai treni mal rischiarati di ogni sera. Alle strade di neve sotto la stella senza limite. 

Andavo, mi perdevo. E le parole trovavano male la via nel tremendo silenzio. — Alle parole pazienti e salvatrici.


II

Alla « Madonna della sera ». Al gran desco di pietra alto sulle rive felici. A passi che si sono uniti, poi divisi. 

All'inverno oltr'Arno. Alla neve e a tanti passi. Alla cappella Brancacci, quando è notte. 


III

Alle cappelle delle isole.

A Galla Placidia. I muri esigui recando misura nelle nostre ombre. A qualche statua nell'erba ; e, come forse me stesso, senza volto.

A una porta murata con mattoni color del sangue sulla tua facciata grigia, cattedrale di Valladolid. A gran cerchi di pietra. A un paso carico di terra morta nera.

A Santa Maria dell'Agliè, nel Canavese. Pronunciando, i mattoni rossi e invecchiati, la gioia barocca. A un palazzo deserto e chiuso fra gli alberi.
(A tutti i palazzi di questo mondo, per l'accoglienza che fanno alla notte.)

Alla mia dimora in Urbino fra numero e notte.

A Sant'Ivo della Sapienza.

A Delfi dove si può morire.

Alla città degli aquiloni e delle grandi case di vetro dove si riflette il cielo.

Ai pittori della scuola di Rimini. Ho voluto essere storico per ansia della vostra gloria. Vorrei cancellare la storia per sollecitudine del vostro assoluto.


IV

E sempre a marciapiedi notturni, a pubs, a una voce che dica Io sono il lume, Io sono l'olio.

A questa voce consumata da una febbre essenziale. Al tronco grigio dell'acero. A una danza. A queste due stanze qualunque, per mantenere gli dèi in mezzo a noi. 

Traduzione : Diana Grange Fiori



Images : en haut, V. Gomis (Site Flickr)

un peu plus bas, Site Flickr

tout en bas, Site Flickr

Pietro da Rimini  Deposizione, 1320-1325, Musée du Louvre, Paris (Source : Wiki Commons)





Lumi (Lueurs)

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 Lumi del cimitero, non mi dite
che la sera d'estate non è bella.
E belli sono i bevitori dentro
le lontane osterie.

Muovonsi come fregi
antichi sotto il cielo
nuovo di stelle.

Lumi del cimitero, calmi diti
contano lente sere. Non mi dite
che la notte d'estate non è bella.

Sandro PennaPoesie, ed. Garzanti.






Lueurs du cimetière, ne me dites pas
que le soir d'été n'est pas beau.
Et beaux sont les buveurs dans
les lointaines auberges.

Ils vont comme des frises
antiques sous le ciel
d'étoiles neuves.

Lueurs du cimetière, de calmes doigts
comptent des soirs lents. Ne me dites pas
que la nuit d'été n'est pas belle.

(Traduction personnelle)






Images : en haut, Michele Zanetti  (Site Flickr)

en bas, Site Flickr.

Vita da poeta : Sandro Penna

Alcune poesie di Sandro Penna




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